La maison de Shoto
L'emblème du Shōtōkan-Ryū représente un tigre entouré d'un cercle nommé Tora no maki, le "rouleau de tigre". Dans la tradition japonaise, le Tora no maki est le document écrit officiel d'un art où d'un système, qui est utilisé comme étant la source de référence pour cet art.
Gichin Funakoshi a fait appel à Hoan Kosugi (1881-1964), ami et étudiant de Gichin Funakoshi, artiste japonais réputé qui lui a peint ce tigre spécifiquement pour illustrer la page de couverture du livre de Funakoshi Karate-Dō Kyōhan, publié en 1935. Le kanji en haut à droite, près de la queue, fait partie de la signature de l'artiste. C'est le kanji 放 pour Hô de Hoan.
En 1936, G.Funakoshi avait ouvert plus de trente dojos dans les universités et dans les entreprises. C’est à cette époque que les katas furent révisés dans la forme. Le karaté Shōtōkan fut officiellement reconnu en 1939. C'est le fils de Gichin Funakoshi, Yoshitaka (1906-1945), qui fut à l'origine du style tel qu'on le connaît désormais. Il est aujourd'hui, le style le plus pratiqué dans le monde.
Le dojo « Shōtōkan » fut détruit en 1945 à la suite de bombardements aériens de la Seconde Guerre mondiale.
Gichin Funakoshi est né en 1868 à Shuri sur l'île d'Okinawa. Il est considéré comme le père du karaté moderne.
De constitution fragile, c’est dès l’enfance que ses parents lui firent étudier le karate. Funakoshi pratiquait les deux écoles qui dominaient (Shorei-ryū et Shorin-ryū). Il a étudié avec Ankō Itosu (1831-1915) et Yasutsune Azato (1827-1906), les deux plus grands maîtres de l'époque. Il eut donc la chance d'être formé par les deux principaux successeurs de Sokon Matsumura (1809-1899), fondateur du Shorin-Ryu. A cette époque, le gouvernement avait proscrit la pratique du Karaté et les entraînements devaient avoir lieu en secret.
Gichin Funakoshi était un homme cultivé et un poète de renom. Il suivait de très près le code moral de ses ancêtres et observait les interdictions d’autrefois. Fidèle à ses principes, il considérait que le Samouraï devait avoir un comportement irréprochable.
En 1902 il fit une démonstration devant les responsables de la province de Kagoshima. En 1912, le Shôbukai d’Okinawa le choisit pour effectuer une démonstration à la marine Japonaise. Il fut remarqué par l’amiral de la flotte impériale.
G.Funakoshi alla au Japon pour la première fois en 1917 pour faire une démonstration au Butokuden de Kyoto. Il y retourne en mai 1922 pour présenter l'Okinawa-te devant le Ministre de l’Education Nationale lors d'une démonstration organisée à Tokyo pour mettre en scène les arts martiaux traditionnels du pays. Jigoro Kano le fondateur du Judo, l’invita au Kodokan pour présenter son art .
C'est également en 1922 que G. Funakoshi publie un livre intitulé « Karaté de Ryūkyū Kempo ». C'était la première exposition formelle au Japon sur l'art du karaté-jutsu.
Le succès fut immédiat et les demandes de cours affluaient. G. Funakoshi décide de rester à Tokyo pour enseigner sont art. A cette époque, en 1921 le maître Choku Motobu, également ancien élève de Itosu, enseignant déjà au Japon.
Funakoshi enseigna d’abord au Meisojuku, une pension pour étudiants dans un dojo de 40m2. Plus tard, il partagea le dojo de Hakudo Naka-yama, un maître de Kendo.
C’est vers 1929 que Funakoshi commencera à utiliser l’idéogramme “Kara” signifiant vide, aux dépends de celui, de prononciation identique “To” désignant la Chine. La raison évidente en était la montée du nationalisme au Japon, mais, pour se justifier, il invoquera un des enseignements du bouddhisme Zen : “Shiki soku ze ku, Ku soku ze shiki” que l’on peut traduire par l’apparent est accès au vide, le vide permet d’accéder à d’autres états (de la conscience). Il lui ajoutera le suffixe “DO” pour suivre la même évolution que les autres Budo qui étaient passés du Jutsu au Do.
Ainsi, naquit le Karaté-do, “la voie de la main vide”, qui remplace le To-de, “la main de chine”. Funakoshi changea également les noms des katas de son programme d’étude, dans un effort de rendre les noms « étrangers » d’Okinawa plus agréables aux oreilles des Japonais. Il a ensuite défini les vingt préceptes du karaté et établi une grande philosophie de cet art martial. C'est ainsi qu'il fut le premier héraut de l'art martial originale en provenance d'Okinawa.
En 1949, des élèves de Funakoshi se regroupèrent pour former la Japan Karate Association (JKA) avec le but d’établir le karaté comme sport de compétition. Funakoshi refusa de soutenir cela mais il fut tout même nommé « instructeur d'honneur ». Gichin Funakoshi n’accepta jamais cet honneur car Karaté-do et compétition n’étaient pas compatible à ses yeux. Il a alors nommé comme successeur un uchi deshi (Jikideshi), qui suivait aussi les valeurs éthiques de l’art martial : Shigeru Egami. Celui-ci créa avec d’autres élèves de Funakoshi la Nihon Karate-dō Shōtōkai (NKS). Le 10 avril 1957, le ministère de l'Éducation a reconnu officiellement la JKA.
Seize jours plus tard, Maître Funakoshi mourut à l'âge de 89 ans. Un grand mémorial public a été tenu à Ryogoku Kokugikan (Ryogoku National Sumo Hall) et un monument commémoratif a été construit au temple Enkakuji, à Kamakura.
Avant de s'éteindre, Gichin Funakoshi forma de nombreux élèves : Isao Obata, Okuyama, Egami, Harada, Hironishi, Takagi, Ohshima, Nakayama, Nishiyama, Kanazawa Hirokazu, Taiji Kase...